Carton G39
Peinture acrylique
70 x 70 cm
« Depuis 2006 et de manière récurrente, cela m’ à conduit à peindre de nombreuses natures mortes de boites en carton (amoureusement récoltées, parfois dans un grenier ou une cave, plus souvent au hasard des rues, parkings, coins de carrefour et autres trottoirs, selon leur état plus ou moins délabré, leur usure, les logos ou pictogrammes qui s’y trouvent…). Ces natures mortes sont comme la synthèse de tout un pan de mes obsessions, pensées ; une synthèse aussi de ce qui anime une bonne partie de notre monde humain (au travers des marques que l’on peut parfois identifier sur les boites dépeintes, par exemple)… Elles me permettent aussi de peindre sans plus rien raconter de manière frontale, seulement pour l’exercice de peindre cette matière soyeuse et banale dont je ne me lasse pas, en parallélépipèdes plus ou moins accidentés que je représente seuls ou en amoncellement sur mes toiles. Ces boites en carton, descendantes de nos antiques amphores transcendées en peintures, en vanités, finissent toujours par être évocatrices bien que familières, à la surprise de ceux qui les regardent. Les uns y voient une réflexion sur la société marchande, la consommation, la globalisation. D’autres les appréhendent de manière différente, s’interrogeant sur leur contenu (que de mystère dans une boite fermée !), ou y voyant ce qu’ils désirent (le mouton préféré du Petit Prince de Saint-Exupéry était celui représenté par une boite où l’on ne pouvait le voir). Ces peintures de cartons peuvent signifier bien des choses, mais elles m’ont aussi offert l’occasion de peindre des nuances sensuelles, comme de la peau en cube ! Je me suis dit qu’à travers les cartons, j’aimais la chair, le corps ; notre monde urbain pourtant si ambiguë et la lumière qui le révèle. J’aime cette vie, pourtant contestable, qui m’emballe et que je mets en boite, je la traite au pinceau, en aplat ; la conditionne en tableau avec le plus de relief possible. »