La loi normale des erreurs : coffre n° 7 (princeps)
Bois, papier kraft, peinture, cordage et documentation, papier peint
26 x 147 x 19 cm
À la fois artiste et chercheur, Raphaël Denis développe depuis 2014 La Loi Normale des Erreurs, une série d’installations qui documentent et matérialisent la spoliation d’œuvres d’art pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec cette œuvre – maquette d’une plus grande installation entrée dans les collections du Centre Pompidou –, l’artiste s’intéresse à la figure du galeriste parisien Paul Rosenberg (1881-1959) et aux 162 tableaux que celui-ci tente de sauver en 1940 en les cachant dans le coffre n°7 de la Banque nationale pour le commerce et l’industrie de Libourne, avant de fuir aux États-Unis pour échapper aux persécutions nazies. Découvertes par les forces d’occupation et inventoriées, ces œuvres sont transportées à Paris et accaparées, notamment par des marchands d’art peu scrupuleux. Raphaël Denis, croisant listes, archives et multiples sources, parvient à « produire de l’intelligibilité »[1] en créant un rapport direct et sensoriel à une collection de tableaux rassemblés dans l’urgence puis violemment séparés. Représentées sous la forme de paquets de différentes dimensions (réduites à l’échelle) et emballées de kraft, les œuvres sont placées sur une étagère qui évoque tant un rayonnage qu’un lieu de stockage. Occultés, les tableaux ont une présence fantomatique, semblant à la fois dans l’attente et à l’abandon. Cette installation raconte en creux tant l’importance du marchand d’art historique qu’a été Paul Rosenberg, que la cruelle entreprise de dépossession et de pillages des œuvres d’art mises en place par le régime nazi.
[1] Schulmann, Didier, « Vases communicants », in La Loi normale des erreurs & annexes (2014 – 2022), éd. Sator, 2022, p. 7
Pour en savoir plus : Raphaël Denis, mémoire vive