Sans titre
Tirage photographique argentique
49 x 63 cm
De nuit comme de jour, ce photographe traque un monde parallèle de rebuts formant rébus. Dans ce qu’il nomme les « Fétiches de rue », on devine une jouissance myope du détail et du recoin, un refus du monument au profit du modeste. Pierre Laniau n’est pas dans le recensement, mais la collecte des petits riens, de ces moments vite balayés par les services de propreté urbaine. Il y a de la métaphysique dans cette oeuvre-clepsydre attachée à l’éphémère. L’artiste n’est pas dans la méthode, mais dans la magie d’une brève rencontre, dans le mariage de la carpe et du lapin, le coq à l’âne visuel. On retrouve chez lui le goût du court-circuit, le « hasard objectif » cher à André Breton. Et ce hasard est parfois cruel, à l’image d’un fauteuil de style Louis XVI abandonné dans la rue, tel un aristocrate clochardisé. L’attention de Pierre Laniau au détail dégradé ne vire jamais au maniérisme du bouton de guêtre. S’il braque l’objectif de son téléphone portable sur ces collisions éphémères, il ne cherche pas à les enjoliver. Volontairement pauvres, floues, sales, les images épousent leurs sujets. Quand la technologie s’échine à tirer le trivial vers le haut, Pierre Laniau laisse les objets en guenilles. À la fausse noblesse, il préfère la fragile poésie, la dignité du mendiant.
Extraits du texte sur le travail photographique de Pierre Laniau par Roxana Azimi.